Il court dans la steppe enneigée vers un refuge hypothétique.
Sa course silencieuse n'est ponctuée que par les apparitions furtives d'êtres laids qui rient sur son passage.
Et lui, se met à saigner.
Son épaule d'abord, puis sa jambe, puis son dos. Et il court dans la nuit qui tombe. La lumière qui faiblit laisse place à la lune qui allonge les ombres et qui colore l'univers de bonheur, d'amour, et de mort.
Les êtres se font de plus en plus nombreux et brillent d'une étrange lueur. Au loin, la porte est ouverte et le feu brûle dans la cheminée, le café passe et le repas est servi.
Mais à mesure qu'il court, le refuge s'éloigne.
Une première fois, l'homme trébuche et s'abat dans la neige maculée de rouge. Péniblement, il se relève, entouré d'hommes à cheval. Équipés de cuir et casqués de feu, ils le regardent d'un oeil tueur et il sent soudain se refermer le piège sur lui.
Il ne peut s'enfuir.
Un des cavaliers lève sur lui un long tube métallique d'où il voit juste sortir le feu avant de sentir la vie s'échapper de lui dans les rires cyniques des hommes.
Laissant ainsi le corps s'effondrer, les chasseurs repartent en riant et parlant fort, vers une autre proie.
LE HAVRE
Le 15 Janvier 1983