LES VACANCES.
Les vacances c'est la liberté...
Le sable qui dormait là-bas était sale. Il était gris de tristesse
et de lassitude. La mer souvent, oubliait d'être bleue. Elle aussi se fondait dans des envolées de gris. Sur la plage, des traces de pas rejoignaient un promeneur isolé qui essayait vainement de leur échapper. Dans ce décor, seule l'écume était blanche. Blanche comme la gueule d'un chien enragé.
Et puis, et puis il pleuvait. Oh, pas beaucoup. Juste quelques gouttes qui achevaient leur course sur le carreau de la fenêtre, dessinant ainsi un curieux puzzle ou un millier de petites loupes d'eau s'amusaient à distordre l'amère réalité. La maison du bord de mer s'était échouée un jour sur cette plage normande afin de s'y assoupir. Souviens toi, elle avait une teinte rouille ocre qui contrastait bizarrement avec la verdure alentour, et la grisaille du temps. Souviens toi aussi de la fenêtre et de la pluie... Elle protégeait notre bonheur et la douce chaleur orangée du feu qui craquait docilement dans l'imposante cheminée. Je serai là te regardant, et toi, superbe tu glisseras dans l'air ambiant, autour de moi, image brune de la beauté intacte. Ton regard félin se posera sur moi avec tant de douceur qu'il inondera mon coeur d'une sérénité totale et réparatrice... J'ai pour toi tant d'amour à donner, et je ne te connais pas...
Alors le feu s'éteint, se refroidit, se meurt, devient noir. La fenêtre se brise et le vent se lève. Ne pars pas ! Pourquoi une image, seulement une image. Ne pars pas, t'en vas pas, où vas tu ? Le vent me gèle le coeur, seul à nouveau. Mais la mer reste, le sable et le ciel aussi... Et je marche sur la plage. Derrière moi mes pas m'accompagnent. Là bas à la lisière du sable, je découvre la maison. Grande, ocre rouille, et normande. Abandonnée. Le vent siffle dans les fenêtres cassées.
DOUAI
Cours de chimie
2 Mars 1983.