Dans la rue, il t'a abordé.
En deux minutes, il t'a raconté sa vie.
D'un amour déçu qui l'a rendu légionnaire,
Il ne voulait pas tuer.
Le bon repas que nous venions de faire,
Et cet homme abîmé mais droit.
En deux minutes tu as revu sa vie.
Puis un beau jour, il est revenu au pays.
Ici plus personne ne voulait de lui.
Barbu, l'oeil vide mais droit.
Souviens toi le 2 eme REP.
Sa vie est la derrière ses yeux.
Il t'a donné sa vie, il avait faim.
Tu lui as offert l'espoir et de quoi manger.
Que de style et de fierté réunis,
Épave dressée contre notre confort.
L'étrange malaise ne me quitte pas.
Je me souviens la larme qui a coulé de son oeil.
"Seules les montagnes ne se rencontrent pas"
Il a dit cela et je ne l'oublie pas.
Dans ma tête résonne un refrain d'un chant de départ,
Et je me demande après cela si un français doit mourir pour elle ?
La France !
DOUAI
Le 15 Juin 1983